Rencontre avec Thibaut Massiet Du Biest, Directeur des Services et Achats Internes chez METRO France

À l’occasion de l’évènement « Le BookSprint Du Permanagement »  qui se déroulera les 25,26 et 27 juin 2021 prochains, Thibaut Massiet Du Biest, directeur des services et achats internes chez METRO France, nous partage sa vision des Achats. Société d’hyperconsommation, problématiques environnementales, concept de Permanagement, c’est avec un regard avant-gardiste qu’il aborde les enjeux actuels afin de s’inscrire dans une démarche durable.

Quel a été votre parcours ? Pourquoi avoir choisi les Achats ?

« Je suis Directeur des Services et Achats Internes chez METRO France. J’ai un parcours universitaire en biologie cellulaire. Passionné par l’étude du vivant et par l’agroalimentaire, c’est naturellement que je me suis ensuite tourné vers une école qui cherchait des profils scientifiques pour les orienter vers les métiers du commerce et du marketing agroalimentaire. Mes passions pour les bons produits, la cuisine, les échanges, les rencontres, la négociation sont un fil rouge dans ma vie.

J’ai débuté ma carrière professionnelle pour la marque Casino, en qualité de Chef de Produit. Cette expérience a été très enrichissante et m’a permis de découvrir le monde des achats avec lequel je collaborais. J’ai eu ensuite l’opportunité de le rejoindre en tant qu’acheteur.
Le métier m’a rapidement convaincu et il correspond à mes forces : j’optimise tout ce que je fais, au quotidien et en permanence ! J’ai donc trouvé de la résonance entre ce qui m’anime et les compétences techniques nécessaires dans les Achats.

J’ai ensuite été recruté par METRO France. Des achats produits laitiers, à la direction des achats liquides, je suis aujourd’hui directeur de la DSAI, la direction des services et des achats internes.
Voilà pour mon cursus ! A chaque étape de mon parcours, j’ai rencontré des collègues et des fournisseurs qui m’ont fait grandir, qui m’ont faire sortir de mes croyances, le métier d’acheteur est riche à bien des niveaux. »

Quelle est selon vous, la place des Achats dans une entreprise ?

« Je vais peut-être paraître un peu autocentré sur mon activité, mais les Achats sont certainement le département qui a le plus à se développer dans les années à venir dans les entreprises. Il y a une explication logique à cela. L’après-guerre, a été une période 100% tournée vers la production. Tout se vendait, la production étant inférieure à la demande. L’entrée dans les Trente Glorieuses, avec l’apparition de la surproduction a changé la donne, il fallait mieux vendre pour continuer à faire du business, être plus compétitif que ses concurrents. Dans les années 80/90, les marketeurs et les commerciaux étaient donc un élément clé. Aujourd’hui les choses sont différentes, on se rend compte que notre modèle doit changer, il y a une raréfaction des matières premières et l’état de la planète est inquiétant. L’offre ne pourra pas être extensible et les réglementations seront de plus en plus contraignantes, nous arrivons à une saturation de la consommation comme nous la
connaissions.

Finalement est-ce qu’il faut vendre plus ou acheter mieux ? J’ai la conviction qu’il faudra en priorité acheter plus intelligemment pour répondre aux enjeux de notre société de demain. »

Comment conciliez-vous Achats et enjeux actuels ?

« Il est essentiel pour moi d’inscrire les Achats dans une démarche durable et responsable. Nous avons développé dans notre service une démarche autour des 3P : Profit, People, Planet.
Sur chaque demande, chaque projet, nous avons pour objectif d’y répondre en prenant en compte ces 3 enjeux majeurs. C’est-à-dire permettre à l’entreprise de faire des profits en prenant soin des personnes et bien sûr de notre environnement. Et très souvent on arrive à répondre aux besoins des collaborateurs par plus de frugalité, d’intelligence d’usage ou de redimensionnement du besoin ; ce qui permet à la fois de faire des économies et de préserver la nature.

La crise actuelle favorise et accélère cette transformation. »

Y a-t-il aujourd’hui des solutions pour inscrire les achats dans une démarche durable  ?

« Oui bien sûr ! Je suis fondamentalement convaincu par exemple que le permanagement peut être une véritable inspiration pour le développement des entreprises de demain. Je travaille actuellement à la rédaction d’un booksprint (livre réalisé en groupe) sur l’adaptation des notions de la permaculture à l’organisation des entreprises.
On retrouve les 3 mêmes leviers qui sont de prendre soin de la planète, de prendre soin des personnes et finalement de redistribuer les surplus. On l’appelle « profit » dans les entreprises, mais dans toutes organisations humaines, l’idée est de ne pas gâcher tout simplement, et de réallouer intelligemment les ressources. »

Quelle est votre vision des Achats ?

« Ma vision des Achats se trouve autour de cet équilibre et de l’optimisation permanente de l’ensemble. L’acheteur doit être minimaliste, c’est-à-dire répondre au mieux au besoin et avec le moins d’énergie dépensée. C’est le concept même de permaculture, c’est cette idée qu’il ne doit pas y avoir de dépenses énergétiques inutiles, de consommations inutiles !

Une vision des Achats qui donc va au-delà de la négociation ! On peut toujours faire des gains sur un dossier qui n’a pas été très bien négocié mais on peut surtout gagner beaucoup plus si nous définissons mieux le besoin, le besoin profond. C’est surtout sur ce point que peut se faire la différence. La meilleure solution n’est donc pas toujours celle que l’on avait historiquement, négocier n’est plus suffisant aujourd’hui. Il faut revoir en profondeur le besoin pour trouver la meilleure solution, cela permet de diviser par 10, parfois par 100 le coût initial tout en ayant une meilleure réponse.

Pour vous donner un exemple, nous gérons aujourd’hui une flotte automobile de près de 1000 véhicules. L’objectif étant d’avoir des collaborateurs 100% satisfaits sur leurs attentes de mobilité, avec des coûts limités, une approche durable et des services innovants. On retrouve nos 3 piliers : Profit / People / Planète.

Lorsque je suis arrivé chez METRO, il y avait des véhicules de services qui n’étaient quasiment jamais utilisés. Un service en avait besoin le jeudi de 10h à 12h, un autre le lundi de 7h à 13h et le reste du temps, le besoin était inexistant, et pourtant chaque service avait son propre véhicule.
Que pouvions-nous faire ? La méthode la plus évidente a été de partager ces véhicules. Mais très vite nous nous sommes retrouvés avec une limite, celle de la gestion des plannings. Nous avons donc mis en place une application pour gérer ces plannings et c’est cela que je trouve intéressant avec la digitalisation : la faculté de connaître en temps réel les besoins ! Nous avons aujourd’hui 6 véhicules partagés. Dès qu’un collaborateur a un besoin, il va sur l’application, choisit un véhicule et réalise sa réservation. Dès lors, un véhicule va servir à plusieurs services. Et nous sommes allés encore un peu plus loin ! Le service fonctionnait bien la semaine, mais le week-end nous étions confrontés à la problématique initiale : des véhicules à l’arrêt. Nous avons donc proposé aux collaborateurs la location pour leurs besoins personnels les fins de semaines.

Nous ne sommes plus uniquement dans la réduction des coûts, mais dans l’optimisation maximale ! J’ai longuement travaillé avec mes acheteurs sur l’effectuation. Un des premiers principes est de faire avec ce que l’on a. En effet, un véhicule est immobilisé 95% de son temps. En plus, dans ces 5% d’utilisation, il y a seulement une personne dans la voiture pour 5 places disponibles. La productivité d’un véhicule est donc proche de 1%. Vous achetez un véhicule à 20 000 euros, et vous l’utilisez à hauteur de 200 euros. C’est incohérent !

Nos projets doivent trouver cet équilibre des 3P. Les projets deviennent intéressants s’ils amènent un profit, s’ils répondent à un besoin et s’ils sont durables. »

Comment imaginez-vous les achats dans le futur ? 

« Le service Achats sera beaucoup plus conséquent et stratégique pour les entreprises. Demain, l’intérêt sera d’avoir des acheteurs qui auront une compréhension à 360° de leur environnement pour justement aller trouver des solutions pour de réels besoins. Il faudra des personnes agiles et innovantes, qui seront prêtes à remettre en cause l’existant. Les Achats de demain, pour moi, seront la première source de transformation des entreprises. On n’a jamais eu autant besoin de cela ! L’acheteur est là pour proposer de nouvelles solutions, co-construire avec les fournisseurs…
Faire des économies passe par le changement de modèles. Par contre l’acheteur devra aussi être durable ! Les ressources actuelles manqueront encore davantage et il faudra plus recycler pour être dans l’optimisation maximum disais-je. Un grand défi !

Je citerai Léonard de Vinci pour conclure : « Scrute la nature, c’est là qu’est ton futur » »

Donner du sens aux Achats, avoir la culture de la performance, prendre l’environnement dans son ensemble…  Grâce à la Permaculture, Thibaut Massiet du Biest donne une perspective nouvelle aux Achats. La volonté d’optimisation permanente et la valorisation de l’existant sont aujourd’hui les clés pour pérenniser une activité. Merci pour ce partage de vision qui, on l’espère, vous aura appris de nouvelles choses.

Vous êtes concerné.e par les Achats et avez à cœur de nous partager votre quotidien ? N’hésitez plus ! Contactez-nous sur nos réseaux sociaux ou sur communication@weproc.com. Nous serons ravis de vous rencontrer.

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